Le ministre de l'Agriculture a annoncé ce mardi devant le Sénat que de nouvelles autorisations d'essais de cultures OGM en plein champ seront délivrées «dès 2008».
«Clause de sauvegarde» pour les cultures commerciales uniquement
«A cette fin, j'ai obtenu que par décret une commission d'évaluation des demandes d'autorisation d'essais en plein champ soit mise en place. Cette commission nous permettra d'autoriser dès 2008 des essais en champs dans des conditions sécurisées», a déclaré Michel Barnier en présentant
le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés.
Ce projet de loi,
dont le Sénat a commencé ce mardi l'examen, doit créer un Haut Conseil des biotechnologies, qui sera chargé de procéder à l'évaluation préalable du risque lié à ce type d'essais.
Quid, alors, de la «clause de sauvegarde», activée par la France à Bruxelles? En réalité, cette suspension ne concernait pas les essais à des fins de recherches mais seulement les cultures OGM en milieu ouvert, notamment celle de la seule culture commerciale concernée,
le maïs MON810. Et ce jusqu'à ce que la commission européenne ait procédé à de nouvelles expertises. Les associations écologistes espéraient toutefois que les essais scientifiques ne seraient pas étendus.
Pour une «loi de protection»
Contactée par 20minutes.fr, l'association
Les Amis de la Terre estime qu'«on observe un décalage de plus en plus important entre les déclarations de Jean-Louis Borloo et celles du ministre de l'Agriculture. Le premier avait garanti la mise en place d'une loi de protection, garantissant le droit de produire et de consommer sans OGM. Le second présente une loi qui inscrit en préambule le droit de produire et de consommer AVEC ou sans OGM». En contrepartie, les agriculteurs qui mettent en culture des OGM seraient tenus de souscrire une garantie financière afin de pouvoir réparer le préjudice économique éventuel en cas de contamination accidentelle. Une demande excessive, selon les agriculteurs, absurde selon les associations. «Une fois que la contamination a eu lieu, c'est trop tard», souligne Guy Kastler, représentant des Amis de la Terre au Grenelle de l'environnement.
«Il faut que les sénateurs prennent leurs reponsabilités. La résistance citoyenne a empêché le développement des OGM depuis dix ans, ce n'est pas une loi qui va les en empêcher», ajoute-t-il.«Contraire à l'engagement du gouvernement»Pour Lylian Le Goff, responsable de la mission biotechnologies de la fédération
France nature environnement (FNE, 3000 associations), chargé du dossier OGM, «l'annonce de Michel Barnier n'est certainement pas conforme à l'engagement du gouvernement en faveur d'une recherche scientifique renforcée, transparente et pluraliste».
Les Verts, eux, ont jugé que les déclarations de Michel Barnier faisaient penser «quasiment à de l'escroquerie. Car suspendre les cultures en plein champ en hiver pour les reprendre au printemps, c'est à la fois se moquer du monde et ne pas tenir sa promesse», s'est insurgée la responsable.
«Que le ministre de l'agriculture cède aux lobbies par avance, avant même que le débat ait été mené au parlement, est pour les Verts à la fois totalement déprimant, absolument scandaleux et dramatiquement prévisible», a-t-elle poursuivi.Le PS s'oppose au texteLe PS a quant à lui affirmé qu'il «s'opposait» à ce texte qui ne garantit pas «la liberté de cultiver sans OGM». «Alors que le Grenelle de l'Environnement a révélé les grandes réticences des Français à admettre les cultures d'OGM, le gouvernement a choisi de céder aux pressions des grandes multinationales de biotechnologie», a-t-il poursuivi dans communiqué.
20Minutes.fr, éditions du 05/02/2008 - 18h55
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